La vie à Saint Amand Magnazeix avant 1914

 

Nichée au cœur des paysages pittoresques de la Basse Marche en Limousin, Saint Amand Magnazeix est bien plus qu'un lieu géographique sur la carte. C'est le témoin silencieux de siècles d'évènements, d'histoires de vie et de transformations profondes de la société. Chaque hameau raconte une histoire, chaque visage évoque une mémoire, chaque champ porte une trace des années d'antan.

 

Le sol granitique est peu fertile et, si l’on excepte l’extraction de la pierre pour le bâtiment, il ne peut pas fournir de matériau pour l’industrie. La commune a essentiellement une vocation agricole.

 

De nombreux hommes (environ 20% de la population totale) sont cultivateurs (propriétaires, colons, métayers, journaliers, domestiques agricoles) ou ont des métiers en rapport avec l'agriculture (meuniers, charrons, forgerons, maréchaux-ferrants).

Les terres cultivées et les landes occupent plus de 80% du territoire. Les bois (châtaigniers, hêtres) occupent une faible surface car les taillis et les terrains ont été défrichés pour être convertis en terres cultivées ou servir de pacage.

 

Cette agriculture est principalement une agriculture de subsistance, elle sert avant tout à nourrir la famille et le bétail.

 

Le travail de la terre, le fauchage, le battage du grain, la moisson sont peu mécanisés et s’effectuent très souvent manuellement avec des bœufs de labour, ânes, et chevaux. Les hommes s'occupent des travaux des champs au rythme des saisons et fournissent un travail intensif et harassant.

 

Mais dés les années 1880, des machines agricoles comme les batteuses, fonctionnent dans les fermes les plus riches. Les tracteurs, eux, ne feront leur apparition dans la commune que bien plus tard.

 


Machine à battre le grain - BnF Gallica

 

Sur les surfaces cultivées on récolte des pommes de terre, des céréales (seigle, sarrazin, blé, orge, avoine), des productions légumières (navets, betteraves, etc). Les prés, les landes sont des zones de pacage pour les moutons et les bœufs.
Beaucoup de familles vivent pratiquement en autoconsommation : produits du potager, pommes de terre, fruits, châtaignes, basse-cour, lapins, cochons, ovins, vaches.

Le commerce des porcs et des bœufs à viande apporte une rémunération complémentaire et se développe progressivement.

 

A partir de 1870, certaines exploitations développent l'élevage bovin et la sélection des bêtes pour la vente à l'extérieur du Limousin.

Les propriétaires participent à des concours organisés lors des comices agricoles relatifs à la race bovine limousine organisés à Bellac. C'est le cas, dans les années 1890 de Mrs Guérinet et son métayer Delavaud à Peuthier ainsi que Mr Lavalette et son métayer Léonard Parot qui ont obtenu plusieurs médailles agricoles.

 

La création de la ligne ferroviaire Paris-Limoges en 1856 a contribué à développer les échanges commerciaux avec la capitale. Elle a favorisé les achats de chaux et d'acide phosphorique dont le sol manquait, la culture du trèfle est ainsi devenue possible.

 

L'amélioration du sol par l'assolement a permis de remplacer le seigle par le blé dans certaines exploitations. D'autre part, l'exportation des bovins pour la boucherie en région parisienne a été grandement facilitée.

 

Les bois et taillis fournissent les matériaux pour la construction et le combustible pour les fours à pain et les foyers domestiques.


Une autre partie de la population masculine (environ 10% de la population totale) travaille dans le bâtiment : maçons, tailleurs de pierre, charpentier, menuisier.

 

Des familles nombreuses, des terres petites et peu fertiles obligent certains de ces hommes à chercher ailleurs des revenus supplémentaires. Ils deviennent ainsi des  ''paysans bâtisseurs'' qui émigrent en région parisienne à partir du printemps pour participer à la construction des monuments et immeubles et reviennent à Saint Amand Magnazeix aux environs de Noël.

Avec l'arrivée du chemin de fer à la gare de La Souterraine, le trajet jusqu'à la capitale devient plus facile et n'est plus une épopée comme au début du 19ème siècle.

Les épouses restent au village avec  les enfants. Parfois elles rejoignent leurs époux et confient les enfants aux grands parents ou à la famille restée au pays. En ville, elles travaillent chez des ''bourgeois'' comme servantes, lingères, bonnes d'enfant.

 

Certains hommes ou ménages séjournent dans la capitale plusieurs années afin de se constituer un pécule et reviennent au pays pour acquérir un lopin de terre et l'exploiter comme "propriétaire".
Ce sont les 20ème, 14ème, 13ème et 4ème arrondissements parisiens qui accueillent ces migrants saisonniers ou temporaires.

 

Pour connaître l'histoire des maçons ''dit de la Creuse'', voir le document réalisé par les  archives départementales de la Creuse, ICI


 

Les femmes qui résident au village fournissent un travail dur et important. Elles s'occupent des enfants et de la maison (ménage, lavage au lavoir, confection des repas et du pain, etc.). L'eau n'arrive pas dans la maison, il faut aller la chercher au puits ou à la fontaine.

 

Dans les fermes, la vie animale foisonne. La gestion de la basse-cour, des lapins et du cochon, la traite des bêtes, l'entretien du potager sont des tâches qui leur incombent. Elles apportent aussi leur aide lors des travaux agricoles (fenaison, moisson) pour les récoltes (pommes de terre, etc), ramassage des fruits (châtaignes, noix, etc).

En l'absence d'hommes dans la famille ce sont les femmes qui assurent aussi les travaux agricoles.

 

Si l'on  excepte les jeunes enfants, dans une exploitation tout le monde doit travailler et accomplir une tâche à la mesure de ses moyens. les personnes âgées et les enfants ont un rôle non négligeable dans l'économie familiale. Ils effectuent des petits travaux : garde du bétail, glanage, cueillette des fruits, ramassage du petit bois.

 

Les fermes sont familiales et petites, plusieurs générations s'y côtoient : parents, enfants, grands-parents, petits-enfants, frères, sœurs et parfois oncles, tantes, neveux. Certains foyers disposent de domestiques (servantes, ouvriers agricoles) et les hébergent.


Dans les années 1830 à Saint Amand Magnazeix les enfants sont nombreux malgré une mortalité infantile importante. Ils représentent 30% de la population.

Pour les foyers aux ressources limitées, ils constituent une réserve de main d’œuvre car dès le plus jeune âge ils participent activement aux travaux liés aux activités familiales ou agricoles.

L’accès à l’enseignement qui est payant n’est accessible qu’aux enfants des familles les plus aisées, les autres ne savent ni lire ni écrire. 

Les lois scolaires votées de 1833 à 1889 vont permettre une scolarisation progressive mais constante de tous les enfants de la commune, voir la suite sur l'historique de l'école de Saint Amand Magnazeix de 1830 à 1914

Sur cette carte de 1916, on aperçoit l'école derrière les arbres


Sur cette photo, on voit la mairie et la poste qui se trouvent face à l'église, derrière l'homme debout qui regarde en direction des enfants.

Entre 1850 et 1914, soit 65 ans, cinq maires se sont succédé à la tête de la commune : Léonard Vernadeau, Alexandre Lachatre, François Bonnet, François Aupetit, Eugène Fauvet  en savoir plus sur l'historique des maires de Saint Amand Magnazeix ...

 

Cette période est pour Saint Amand Magnazeix celle des grands chantiers.

La commune  se dote de nouvelles voies de communication et améliore l'existant : chemins vicinaux (N°1,2,3,5,7...), chemins de grande communication (N°63,6,8 ...), chemins ruraux et routes nationales (alignement sur la RN20, aliénation de parcelles pour la construction de la RN145).

Un autre grand chantier fut la construction de l'école primaire et la scolarisation de tous les enfants du village qui s'échelonna sur prés de 30 ans, comme indiqué dans l'historique de l'école de Saint Amand Magnazeix .


 

Saint Amand Magnazeix continue à se moderniser. En 1907/1908 est créé un bureau de poste et un établissement de facteur-receveur occupé par Léonard Dhéron. En 1908/1909, un bureau télégraphiste s'ouvre dans les locaux de la poste, parallèlement la commune adhère au réseau téléphonique départemental et se trouve ainsi reliée au réseau téléphonique général.

 

Le 9 décembre 1905, la loi de Séparation des Églises et de l'État est votée par les chambres. L'État affirme sa stricte neutralité envers les cultes. La République assure la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes mais ne reconnaît, ni ne salarie ni ne subventionne un culte.

Cette loi dissout les établissements du culte et prévoit le transfert de leurs biens vers des associations cultuelles (selon la loi de 1901) appelées "fabriques" qui doivent être créées pour assurer l’exercice du culte. Les agents des domaines ont pour mission d’inventorier les biens de ces établissements qui avaient, depuis le Concordat, le statut d' "établissements publics du culte".

 

L'inventaire des biens paroissiaux de Saint Amand Magnazeix est réalisé le 26 février 1906 par le percepteur de Chateauponsac accompagné du maire, Eugène Fauvet et pour la fabrique du curé E. Pézard et E. Roudeau, J. Gueunier.

 

Les biens appartenant à la Fabrique sont recensés sur une page et ceux de l’État, des départements et communes, mis à leur disposition, sur l'autre page du carnet. Depuis quelques années, les relations entre le maire et le curé étaient déjà tendues mais à la suite de cette intervention les relations sont pratiquement rompues. Le curé Pézard demande son transfert qui sera officiel le 10 avril 1907 et ne sera pas remplacé.

Consulter l'inventaire des biens paroissiaux ICI

L'évolution de la commune est retracée au travers des dénombrements de population successifs réalisés pendant la période de 1872 à 1914. Les résultats de ces recensements donnent des informations précises sur la structure de la vie de la population de Saint Amand et révèlent une série de tendances et de changements significatifs dans la démographie et la société locale.

Pour visionner les recensements successifs des années 1914 à 1936, voir plus ....