Histoire et Patrimoine de Saint Amand Magnazeix

Nos connaissances sur les temps très lointains de Saint Amand Magnazeix sont floues et très parcellaires, les archivistes de toutes les époques ne se consacrant qu'à l'histoire concernant les agglomérations importantes.

 

Cependant il est vraisemblable que le village fut fondé par un ermite nommé Amandus au 6ème siècle vivant prés de saint Junien où il mourut saintement après avoir évangélisé les territoires reculés de ce qui est aujourd'hui la Haute-Vienne. C'était un chrétien itinérant, originaire de Bretagne, qui parcourait la campagne pour propager la foi chrétienne. Au cours de ses pérégrinations religieuses, il s'arrêta dans un petit hameau de quelques chaumières et y séjourna assez longtemps pour convertir les habitants qui donnèrent son nom au village soit Amandus qui devint Sancti  Amandi, après la sanctification de l'ermite au 12éme siècle.  Le complément "Magnazeix'' fut ajouté au moyen âge. Le village faisait partie de la baronnie de Magnac (Laval) qui avait donné le nom de Magnazeix à sa région. La commune de Saint Amand Magnazeix, dans son appellation actuelle était née.

 

Le passage de l'ermite laissa des traces, l'évangélisation fut effective. Au 9ème siècle, la construction d'une église fut entreprise (les fondements de l'église actuelle date de cette époque). Dans les siècles suivants, l'église fut  pillée, brulée puis reconstruite au 11ème et 12ème siècle, encore pillée, détruite pendant la guerre de cent ans puis reconstruire sous son aspect actuel au 15ème siècle. Des souterrains refuges datant de l'époque gauloise et du 11ème siècle ont été découverts dans plusieurs hameaux et témoignent de périodes troublées.

 

Au cours des siècles suivants jusqu'au milieu du 18ème siècle le village subit les mêmes turbulences que l'ensemble du Limousin : guerres de religion, impôts pour financer les guerres et les travaux royaux, refroidissement du climat et intempéries entraînant famine et disettes, épidémies (peste, etc).

 

A la révolution, les partisans de Robespierre et Danton sont nombreux, et en 1793 le village a été rebaptisé Saint Amand les Montagnes, peut-être en hommage aux ''Montagnards'' de la Convention. Le code civil peine à s'appliquer notamment sur l'égalité dans la fratrie pour les héritages. La terre continue à se transmettre en faveur de l'aîné. La culture de la pomme de terre se diffuse et contribue à améliorer l'ordinaire des foyers. En 1801, la commune retrouve son nom d'origine Saint Amand Magnazeix qu'elle a conservé depuis.

 

Le 4 novembre 1829, la commune de La Bussière Rapy est réunie à la commune de Saint Amand Magnazeix. La Bussière-Rapy qui était une paroisse dès 1282, appartenait aux chevaliers du Temple, elle comprenait l'église, deux métairies, deux moulins. Après la dissolution de l'ordre du temple, la Bussière Rapy a appartenu aux hospitaliers de l'ordre de Malte, elle était l'un des cinq membres de la commanderie de Morterolles. Le commandeur en nommait le titulaire en 1679 et en 1773.

 

La réforme du catholicisme instituant de nombreuses contraintes pour les fidèles et l'anticléricalisme de la révolution a éloigné une partie de la population de la religion. La loi de 1905 instituant la séparation de l’Église et de l’État renforce le fossé entre les élus communaux et le curé, certains procès-verbaux du conseil municipal en attestent largement.

 

La période allant des années 1820 à 1914 voit l'apogée de la migration saisonnière des maçons vers la capitale. Chaque année, de mars à Noël, de nombreux hommes quittent leur famille et le village pour travailler à Paris dans le bâtiment. En 1830 on dénombre à Saint Amand Magnazeix prés de 170 ouvriers du bâtiment pour une population de 1300 habitants. Cette migration saisonnière chutera après la grande guerre, elle est remplacée par la migration définitive de familles entières, en 1921, on ne compte dans la commune que 20 ouvriers du bâtiment pour une population de 1164 habitants.

 

Les habitants de Saint Amand Magnazeix ont été sensibles aux ''idées de gauche'' dès le milieu du 19ème siècle, notamment en raison de la politisation des maçons travaillant à Paris. En mars 1871, des maçons de Saint Amand, présents dans la capitale pour leur travail, prennent part à l’insurrection sanglante de la Commune de Paris. Une dizaine d'entre eux seront arrêtés, inculpés par la justice militaire et le Tribunal Correctionnel de la Seine, jugés et déportés, ils ne seront libérés qu'après les lois d'amnistie en 1880.

 

Après l'instauration de la 3ème république en 1870, ce sont les instituteurs, ces ''hussards de la république'' qui  enracinent auprès des enfants et de la population l'esprit républicain et patriotique. En 1905 Jean Jaurès crée la SFIO qui prône l'égalité, la justice et le progrès social, idées qui  ''parlent'' aux habitants de la commune et qui vont inspirer la politique communale.

 

La guerre 1914 1918 impacte de plein fouet Saint Amand Magnazeix . Une centaine de ses jeunes hommes sont décédés sur les champs de bataille ou sont revenus très handicapés. Entre les recensements de 1914 et 1921, la commune a perdu plus de 200 habitants.

 

La grande guerre marque une rupture dans la vie de Saint Amand Magnazeix. Après 1919, certains hommes jeunes quittent définitivement le village pour aller travailler dans l'industrie et non plus comme maçon. Des terres se trouvent disponibles à la suite de la mort de leur propriétaire et sont rachetées souvent par de nouveaux arrivants.

 

Les femmes qui ont remplacé les hommes aux champs pendant le conflit prennent de nouvelles responsabilités dans l'exploitation familiale. Certaines veuves sans biens sont obligées de partir ''à la ville'' pour trouver un emploi et nourrir leur famille.

 

La comparaison des recensements 1914 et 1921 démontre largement le changement qui s'est opéré.

 

Patrimoine de Saint Amand Magnazeix

Croix Templière de La Bussière Rapy (12ème siècle)

Photo Haute Vienne Méconnu

Chapelle Templière de La Bussière Rapy (12ème siècle) inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 28.01.1986. (Bien privé)

Photo Haute Vienne Méconnu

Lanterne des morts - Photo AD 87 46 Fi 5147 - Site de Saint Amand Magnazeix Autrfois

Lanterne des morts (12ème/13ème siècle), inscrite au titre des monuments historiques en 1910.

Photo AD 87 46 Fi 5147


Monument aux morts - Photo AD 87  46 Fi 5153 - Site de Saint Amand Magnazeix Autrefois

Photo AD 87  46 Fi 5153

Eglise 12°et 15° siècle - Photo J. Beaubert - Saint Amand Magnazeix Autrefois.com

Photo J Beaubert


Eglise romane Saint Pierre Saint Paul (15ème siècle)

La chapelle templière de la Bussière Rapy construite au 12ème siècle était assez vaste. En 1615, la voûte de la nef n’existait plus et celle du cœur fut abattue par mesure de sécurité. Ce qui restait de l’église et du cimetière fut vendu pour 510 francs le 4 Vendémiaire an XIII (soit le 26 septembre 1804) à un sieur Châtenet. Le presbytère avait déjà été vendu au même sieur Châtenet le 17 prairial an IV pour 321 Francs.

 

En 1995, la Dracar décrivait ainsi ce monument ancien de Saint Amand Magnazeix :« Nef unique rectangulaire de 21,30m sur 7,30m, il conserve alors quatre travées et des vestiges architecturaux : portail à deux voussures en arc brisé, chevet à  trois baies en demi-cintre. Concernant l’extérieur, le mur Nord se distingue par une corniche chanfreinée soutenue par de très beaux modillons sculptés de visages humains principalement et par un portail à la mouluration limousine avec deux masques. Concernant l’intérieur, l’architecture est dépouillée mais belle. Une corniche court dans le haut des murs et l’édifice est entièrement revêtu de peintures murales en blanc et ocre dont il reste d’importants vestiges (mots géométriques, croix sur les piliers et sur les murs.)

 

La Lanterne des Morts, d’époque Moyen-âge et classée Monument Historique en 1910 se trouve dans le nouveau cimetière (l’ancien cimetière était établi auparavant, comme dans bien des paroisses, autour de l’église). Il s’agit d’une colonne carrée de 0,95m de côté avec en son sommet quatre fenêtres en ogive, décalées du centre, qui forment la lanterne surmontée d’une croix de fer de type récent. Cette croix était autrefois en pierre. A la base de l’édifice se trouve un autel et l’ouverture carrée qui sert à pénétrer à l’intérieur regarde le midi.

L’église est formée d’un sanctuaire de style roman remontant au 12ème siècle et bien conservé, auquel est adjointe une nef plus récente du15ème siècle sans caractère architectural et une tour « clocher » extérieure. A l’extérieur encore, à noter au sommet de son pignon, une croix en granit en forme de Croix de Malte. A l’intérieur, on remarque également une statue de Saint Roch, patron des pèlerins, des voyageurs mais aussi des tailleurs de pierre et des paveurs classé au titre des monuments historiques. Pendant la Révolution, le 17 Prairial an IV, (5 juin 1796), le presbytère (devenu plus tard l’ancienne Poste puis rasé) fut vendu comme bien national au sieur Gaillard pour 1 887 francs.

 

La Croix en granit (en forme de croix de Malte) à l’entrée du village

 

La fontaine qui possède un curieux macaron de bronze représentant une tête de Satan. Il s’agit d’une ancienne fontaine à dévotions : fièvres.

 

Etude réalisée en 2012 par Jacques Beaubert